• Privé de Sens par la Bible
     
    Lévitique 18

    18.1    L'Éternel parla à Moïse, et dit:

    18.2    Parle aux enfants d'Israël, et tu leur diras: Je suis l'Éternel, votre Dieu.

    18.3    Vous ne ferez point ce qui se fait dans le pays d'Égypte où vous avez habité, et vous ne ferez point ce qui se fait dans le pays de Canaan où je vous mène: vous ne suivrez point leurs usages.

    18.4    Vous pratiquerez mes ordonnances, et vous observerez mes lois: vous les suivrez. Je suis l'Éternel, votre Dieu.

    18.5    Vous observerez mes lois et mes ordonnances: l'homme qui les mettra en pratique vivra par elles. Je suis l'Éternel.

    18.6    Nul de vous ne s'approchera de sa parente, pour découvrir sa nudité. Je suis l'Éternel.

    18.7    Tu ne découvriras point la nudité de ton père, ni la nudité de ta mère. C'est ta mère: tu ne découvriras point sa nudité.

    18.8    Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton père. C'est la nudité de ton père.

    18.9    Tu ne découvriras point la nudité de ta soeur, fille de ton père ou fille de ta mère, née dans la maison ou née hors de la maison.

    18.10  Tu ne découvriras point la nudité de la fille de ton fils ou de la fille de ta fille. Car c'est ta nudité.

    18.11  Tu ne découvriras point la nudité de la fille de la femme de ton père, née de ton père. C'est ta soeur.

    18.12  Tu ne découvriras point la nudité de la soeur de ton père. C'est la proche parente de ton père.

    18.13  Tu ne découvriras point la nudité de la soeur de ta mère. Car c'est la proche parente de ta mère.

    18.14  Tu ne découvriras point la nudité du frère de ton père. Tu ne t'approcheras point de sa femme. C'est ta tante.

    18.15  Tu ne découvriras point la nudité de ta belle-fille. C'est la femme de ton fils: tu ne découvriras point sa nudité.

    18.16  Tu ne découvriras point la nudité de la femme de ton frère. C'est la nudité de ton frère.

    18.17  Tu ne découvriras point la nudité d'une femme et de sa fille. Tu ne prendras point la fille de son fils, ni la fille de sa fille, pour découvrir leur nudité. Ce sont tes proches parentes: c'est un crime.

    18.18  Tu ne prendras point la soeur de ta femme, pour exciter une rivalité, en découvrant sa nudité à côté de ta femme pendant sa vie.

    18.19  Tu ne t'approcheras point d'une femme pendant son impureté menstruelle, pour découvrir sa nudité.

    18.20  Tu n'auras point commerce avec la femme de ton prochain, pour te souiller avec elle.

    18.21  Tu ne livreras aucun de tes enfants pour le faire passer à Moloc, et tu ne profaneras point le nom de ton Dieu. Je suis l'Éternel.

    18.22  Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination.

    18.23  Tu ne coucheras point avec une bête, pour te souiller avec elle. La femme ne s'approchera point d'une bête, pour se prostituer à elle. C'est une confusion.

    18.24  Ne vous souillez par aucune de ces choses, car c'est par toutes ces choses que se sont souillées les nations que je vais chasser devant vous.

    18.25  Le pays en a été souillé; je punirai son iniquité, et le pays vomira ses habitants.

    18.26  Vous observerez donc mes lois et mes ordonnances, et vous ne commettrez aucune de ces abominations, ni l'indigène, ni l'étranger qui séjourne au milieu de vous.

    18.27  Car ce sont là toutes les abominations qu'ont commises les hommes du pays, qui y ont été avant vous; et le pays en a été souillé.

    18.28  Prenez garde que le pays ne vous vomisse, si vous le souillez, comme il aura vomi les nations qui y étaient avant vous.

    18.29  Car tous ceux qui commettront quelqu'une de ces abominations seront retranchés du milieu de leur peuple.

    18.30  Vous observerez mes commandements, et vous ne pratiquerez aucun des usages abominables qui se pratiquaient avant vous, vous ne vous en souillerez pas. Je suis l'Éternel, votre Dieu.

    http://bible.evangiles.free.fr/levitique%2018.html


     
    ici, rien n'est jamais privé de Sens !!! ...

  •  Bébé Cadum

    Le culte de Baal Hammon ou le sacrifice de l'innocence par le feu.

    Selon Gustave Flaubert dans «Salammbô» (1862)


    Scénario de Salammbô de Gustave Flaubert
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Salammb%C3%B4_%28roman%29

    ... Chapitre 13 - Moloch

    Alors les Carthaginois, en réfléchissant sur la cause de leurs désastres, se rappelèrent qu'ils n'avaient point expédié en Phénicie l'offrande annuelle due à Melkarth-Tyrien ; et une immense terreur les prit. Les Dieux indignés contre la République, allaient sans doute poursuivre leur vengeance.


    On les considérait comme des maîtres cruels, que l'on apaisait avec des supplications et qui se laissaient corrompre à force de présents.

    Tous étaient faibles près de Moloch-le-dévorateur.

    L'existence, la chair même des hommes lui appartenait ; - aussi, pour la sauver, les Carthaginois avaient coutume de lui en offrir une portion qui calmait sa fureur.

    On brûlait les enfants au front ou à la nuque avec des mèches de laine ; et cette façon de satisfaire le Baal rapportant aux prêtres beaucoup d'argent, ils ne manquaient pas de la recommander comme plus facile et plus douce.


    Mais cette fois il s'agissait de la République elle-même.

    Or, tout profit devant être acheté par une perte quelconque, toute transaction se réglant d'après le besoin du plus faible et l'exigence du plus fort, il n'y avait pas de douleur trop considérable pour le Dieu, puisqu'il se délectait dans les plus horribles et que l'on était maintenant à sa discrétion. Il fallait donc l'assouvir complètement.

    Les exemples prouvaient que ce moyen-là contraignait le fléau à disparaître. D'ailleurs, ils croyaient qu'une immolation par le feu purifierait Carthage.
    La férocité du peuple en était d'avance alléchée. Puis, le choix devait exclusivement tomber sur les grandes familles.


    Les Anciens s'assemblèrent. La séance fut longue. Hannon y était venu. Comme il ne pouvait plus s'asseoir, il resta couché près de la porte, à demi perdu dans les franges de la haute tapisserie ; et quand le pontife de Moloch leur demanda s'ils consentiraient à livrer leurs enfants, sa voix, tout à coup, éclata dans l'ombre comme le rugissement d'un Génie au fond d'une caverne.

    Il regrettait, disait-il de n'avoir pas à en donner de son propre sang ; et il contemplait Hamilcar, en face de lui à l'autre bout de la salle. Le Suffète fut tellement troublé par ce regard qu'il en baissa les yeux. Tous approuvèrent en opinant de la tête, successivement ; et, d'après les rites, il dut répondre au grand-prêtre : «Oui, que cela soit.» Alors les Anciens décrétèrent le sacrifice par une périphrase traditionnelle, - parce qu'il y a des choses plus gênantes à dire qu'à exécuter.


    La décision, presque immédiatement, fut connue dans Carthage ; des lamentations retentirent. Partout on entendait les femmes crier ; leurs époux les consolaient ou les invectivaient en leur faisant des remontrances.

    Mais trois heures après, une nouvelle plus extraordinaire se répandit : le Suffète avait trouvé des sources au bas de la falaise. On y courut. Des trous creusés dans le sable laissaient voir de l'eau ; et déjà quelques-uns étendus à plat ventre y buvaient.

    Hamilcar ne savait pas lui-même si c'était par un conseil des Dieux ou le vague souvenir d'une révélation que son père autrefois lui aurait faite ; mais en quittant les Anciens, il était descendu sur la plage, et, avec ses esclaves, il s'était mis à fouir le gravier.

    Il donna des vêtements, des chaussures et du vin. Il donna tout le reste du blé qu'il gardait chez lui. Il fit même entrer la foule dans son palais, et il ouvrit les cuisines, les magasins et toutes les chambres, - celle de Salammbô exceptée. Il annonça que six mille Mercenaires gaulois allaient venir, et que le roi de Macédoine envoyait des soldats.

    Mais, dès le second jour, les sources diminuèrent ; le soir du troisième, elles étaient complètement taries. Alors le décret des Anciens circula de nouveau sur toutes les lèvres, et les prêtres de Moloch commencèrent leur besogne.

    Des hommes en robes noires se présentèrent dans les maisons. Beaucoup d'avance les désertaient sous le prétexte d'une affaire ou d'une friandise qu'ils allaient acheter ; les serviteurs de Moloch survenaient et prenaient les enfants. D'autres les livraient eux-mêmes, stupidement. Puis on les emmenait dans le temple de Tanit, où les prêtresses étaient chargées jusqu'au jour solennel de les amuser et de les nourrir.

    Ils arrivèrent chez Hamilcar tout à coup, et le trouvant dans ses jardins :

    «Barca ! nous venons pour la chose que tu sais... ton fils !» Ils ajoutèrent que des gens l'avaient rencontré un soir de l'autre lune, au milieu des Mappales, conduit par un vieillard.

    Il fut d'abord comme suffoqué. Mais bien vite comprenant que toute dénégation serait vaine, Hamilcar s'inclina ; et il les introduisit dans la maison-de-commerce.
    Des esclaves accourus d'un signe en surveillaient les alentours.


    Il entra dans la chambre de Salammbô tout éperdu. Il saisit d'une main Hannibal, arracha de l'autre la ganse d'un vêtement qui traînait, attacha ses pieds, ses mains, en passa l'extrémité dans sa bouche pour lui faire un bâillon et il le cacha sous le lit de peaux de boeuf, en laissant retomber jusqu'à terre une large draperie.

    Ensuite il se promena de droite et de gauche ; il levait les bras, il tournait sur lui-même, il se mordait les lèvres. Puis il resta les prunelles fixes et haletant comme s'il allait mourir.

    Mais il frappa trois fois dans ses mains. Giddenem parut.

    «Ecoute ! dit-il, tu vas prendre parmi les esclaves un enfant mâle de huit à neuf ans avec les cheveux noirs et le front bombé ! Amène-le ! hâte-toi !»

    Bientôt Giddenem l'entra, en présentant un jeune garçon.

    C'était un pauvre enfant, à la fois maigre et bouffi ; sa peau semblait grisâtre comme l'infect haillon suspendu à ses flancs ; il baissait la tête dans ses épaules, et du revers de sa main frottait ses yeux, tout remplis de mouches.

    Comment pourrait-on jamais le confondre avec Hannibal ! et le temps manquait pour en choisir un autre ! Hamilcar regardait Giddenem ; il avait envie de l'étrangler.

    «Va-t'en !» cria-t-il ; le maître-des-esclaves s'enfuit.

    Donc le malheur qu'il redoutait depuis si longtemps était venu, et il cherchait avec des efforts démesurés s'il n'y avait pas une manière, un moyen d'y échapper.

    Abdalonim, tout à coup, parla derrière la porte. On demandait le Suffète. Les serviteurs de Moloch s'impatientaient.

    Hamilcar retint un cri, comme à la brûlure d'un fer rouge ; et il recommença de nouveau à parcourir la chambre, tel qu'un insensé. Puis il s'affaissa au bord de la balustrade, et les coudes sur ses genoux, il serrait son front dans ses deux poings fermés.

    La vasque de porphyre contenait encore un peu d'eau claire pour les ablutions de Salammbô.

    Malgré sa répugnance et tout son orgueil, le Suffète y plongea l'enfant, et, comme un marchand d'esclaves, il se mit à le laver et à le frotter avec les strigiles et la terre rouge. Il prit ensuite dans les casiers autour de la muraille deux carrés de pourpre, lui en posa un sur la poitrine, l'autre sur le dos, et il les réunit contre ses clavicules par deux agrafes de diamants. Il versa un parfum sur sa tête ; il passa autour de son cou un collier d'électrum, et il le chaussa des sandales à talons de perles, - les propres sandales de sa fille ! Mais il trépignait de honte et d'irritation ; Salammbô, qui s'empressait à le servir, était aussi pâle que lui. L'enfant souriait, ébloui par ces splendeurs, et même s'enhardissant, il commençait à battre des mains et à sauter quand Hamilcar l'entraîna.


    Il le tenait par le bras, fortement, comme s'il avait eu peur de le perdre ; et l'enfant, auquel il faisait mal, pleurait un peu tout en courant près de lui.

    A la hauteur de l'ergastule, sous un palmier, une voix s'éleva, une voix lamentable et suppliante. Elle murmurait : «Maître ! oh ! Maître !»

    Hamilcar se retourna, et il aperçut à ses côtés un homme d'apparence abjecte, un de ces misérables vivant au hasard dans la maison.

    «Que veux-tu ?» dit le Suffète.

    L'esclave, qui tremblait horriblement, balbutia :

    «Je suis son père !»

    Hamilcar marchait toujours ; l'autre le suivait, les reins courbés, les jarrets fléchis, la tête en avant.

    Son visage était convulsé par une angoisse indicible, et les sanglots qu'il retenait l'étouffaient, tant il avait envie tout à la fois de le questionner et de lui crier : «Grâce !»

    Enfin il osa le toucher d'un doigt, sur le coude, légèrement.

    «Est-ce que tu vas le ...» Il n'eut pas la force d'achever, et Hamîlcar s'arrêta, tout ébahi de cette douleur.

    Il n'avait jamais pensé, - tant l'abîme les séparant l'un de l'autre se trouvait immense,- qu'il pût y avoir entre eux rien de commun. Cela même lui parut une sorte d'outrage et comme un empiétement sur ses privilèges. Il répondit par un regard plus froid et plus lourd que la hache d'un bourreau ; l'esclave s'évanouissant tomba dans la poussière, à ses pieds. Hamilcar enjamba par-dessus.

    Les trois hommes en robes noires l'attendaient dans la grande salle, debout contre le disque de pierre. Tout de suite il déchira ses vêtements et il se roulait sur les dalles en poussant des cris aigus :

    «Ah ! pauvre petit Hannibal ! oh ! mon fils ! ma consolation ! mon espoir ! ma vie ! Tuez-moi aussi ! emportez-moi ! Malheur ! malheur !» Il se labourait la face avec ses ongles, s'arrachait les cheveux et hurlait comme les pleureuses des funérailles. «Emmenez-le-donc ! je souffre trop ! allez-vous-en ! tuez-moi comme lui.» Les serviteurs de Moloch s'étonnaient que le grand Hamilcar eût le coeur si faible. Ils en étaient presque attendris.

    On entendit un bruit de pieds nus avec un râle saccadé, pareil à la respiration d'une bête féroce qui accourt ; et sur le seuil de la troisième galerie, entre les montants d'ivoire, un homme apparut, blême, terrible, les bras écartés ; il s'écria :

    «Mon enfant !»

    Hamilcar, d'un bond, s'était jeté sur l'esclave ; et en lui couvrant la bouche de sa main, il criait encore plus haut :

    «C'est le vieillard qui l'a élevé ! il l'appelle mon enfant ! il en deviendra fou ! assez ! assez !» Et, chassant par les épaules les trois prêtres et leur victime, il sortit avec eux, et d'un grand coup de pied referma la porte derrière lui.

    Hamilcar tendit l'oreille pendant quelques minutes, craignant toujours de les voir revenir. Il songea ensuite à se défaire de l'esclave pour être bien sûr qu'il ne parlerait pas ; mais le péril n'était point complètement disparu, et cette mort, si les Dieux s'en irritaient, pouvait se retourner contre son fils. Alors, changeant d'idée, il lui envova par Taanach les meilleures choses des cuisines : un quartier de bouc, des fèves et des conserves de grenades. L'esclave, qui n'avait pas mangé depuis longtemps, se rua dessus ; ses larmes tombaient dans les plats.

    Hamilcar, revenu enfin près de Salammbô, dénoua les cordes d'Hannibal. L'enfant, exaspéré, le mordit à la main jusqu'au sang. Il le repoussa d'une caresse.

    Pour le faire se tenir paisible, Salammbô voulut l'effrayer avec Lamia, une ogresse de Cyrène.

    «Où donc est-elle ?» demanda-t-il.

    On lui conta que des brigands allaient venir pour le mettre en prison. Il reprit : - «Qu'ils viennent, et je les tue !»

    Hamilcar lui dit alors l'épouvantable vérité. Mais il s'emporta contre son père, prétendant qu'il pouvait bien anéantir tout le peuple, puisqu'il était le maître de Carthage.

    Enfin, épuisé d'efforts et de colère, il s'endormit, d'un sommeil farouche. Il parlait en rêvant, le dos appuyé contre un coussin d'écarlate ; sa tête retombait un peu en arrière, et son petit bras, écarté de son corps, restait tout droit, dans une attitude impérative.

    Quand la nuit fut noire, Hamilcar l'enleva doucement et descendit sans flambeau l'escalier des galères. En passant par la maison-de-commerce, il prit une couffe de raisins avec une buire d'eau pure ; l'enfant se réveilla devant la statue d'Alètes, dans le caveau des pierreries ; et il souriait, - comme l'autre, - sur le bras de son père, à la lueur des clartés qui l'environnaient.

    Hamilcar était bien sûr qu'on ne pouvait lui prendre son fils. C'était un endroit impénétrable, communiquant avec le rivage par un souterrain que lui seul connaissait, et en jetant les yeux à l'entour il aspira une large bouffée d'air. Puis il le déposa ôur un escabeau, près des boucliers d'or.

    Personne, à présent, ne le voyait ; il n'avait plus rien à observer ; alors il se soulagea. Comme une mère qui retrouve son premier-né perdu, il se jeta sur son fils ; il l'étreignait contre sa poitrine, il riait et pleurait à la fois, l'appelait des noms les plus doux, le couvrait de baisers ; le petit Hannibal, effrayé par cette tendresse terrible, se taisait maintenant.

    Hamilcar s'en revint à pas muets, en tâtant les murs autour de lui ; et il arriva dans la grande salle, où la lumière de la lune entrait par une des fentes du dôme ; au milieu, l'esclave, repu, dormait, couché tout de son long sur les pavés de marbre. Il le regarda, et une sorte de pitié l'émut. Du bout de son cothurne, il lui avança un tapis sous la tête. Puis il releva les yeux et considéra Tanit, dont le mince croissant brillait dans le ciel, et il se sentit plus fort que les Baals et plein de mépris pour eux. Les dispositions du sacrifice étaient déjà commencées.

    On abattit dans le temple de Moloch un pan de mur pour en tirer le dieu d'airain, sans toucher aux cendres, de l'autel. Puis, dès que le soleil se montra, les hiérodoules le poussèrent vers la place de Khamon.

    Il allait à reculons, en glissant sur des cylindres ; ses épaules dépassaient la hauteur des murailles ; du plus loin qu'ils l'apercevaient, les Carthaginois s'enfuyaient bien vite, car on ne pouvait contempler impunément le Baal que dans l'exercice de sa colère.Une senteur d'aromates se répandit par les rues. Tous les temples à la fois venaient de s'ouvrir ; il en sortit des tabernacles montés sur des chariots ou sur des litières que des pontifes portaient. De gros panaches de plumes se balançaient à leurs angles, et des rayons s'échappaient de leurs, faîtes aigus, terminés par des boules de cristal, d'or, d'argent ou de cuivre.

    C'étaient les Baalim chananéens, dédoublements du Baal suprême, qui retournaient vers leur principe, pour s'humilier devant sa force et s'anéantir dans sa splendeur.

    Le pavillon de Melkarth, en pourpre fine, abritait une flamme de pétrole ; sur celui de Khamon, couleur d'hyacinthe, se dressait un phallus d'ivoire, bordé d'un cercle de pierreries ; entre les rideaux d'Eschmoûn, bleus comme l'éther, un python endormi faisait un cercle avec sa queue ; et les Dieux-Pataeques, tenus,dans les bras de leurs prêtres, semblaient de grands enfants emmaillottés, dont les talons frôlaient la terre.

    Ensuite venaient toutes les formes inférieures de la divinité ; Baal-Samin, dieu des espaces célestes ; Baal-Peor, dieu des monts sacrés ; Baal-Zeboub, dieu de la corruption, et ceux des pays voisins et des races congénères : l'Iarbal de la Libye, l'Adrammelech de la Chaldée, le Kijun des Syriens ; Derceto, à figure de vierge, rampait sur ses nageoires, et le cadavre de Tammouz était traîné au milieu d'un catafalque, entre des flambeaux et des chevelures.

    Pour asservir les rois du firmament au Soleil et empêcher que leurs influences particulières ne gênassent la sienne, on brandissait au bout de longues perches des étoiles en métal diversement coloriées ; et tous s'y trouvaient, depuis le noir Nebo, génie de Mercure, jusqu'au hideux Rahab, qui est la constellation du Crocodile. Les Abaddirs, pierres tombées de la lune, tournaient dans des frondes en fils d'argent ; de petits pains, reproduisant le sexe d'une femme, étaient portés sur des corbeilles par les prêtres de Cérès ; d'autres amenaient leurs fétiches, leurs amulettes ; des idoles oubliées reparurent ; et même on avait pris aux vaisseaux leurs symboles mystiques, comme si Carthage eût voulu se recueillir tout entière dans une pensée de mort et de désolation.

    Devant chacun des tabernacles, un homme tenait en équilibre, sur sa tête, un large vase où fumait de l'encens. Des nuages çà et là planaient, et l'on distinguait, dans ces grosses vapeurs, les tentures, les pendeloques et les broderies des pavillons sacrés. Ils avançaient lentement, à cause de leur poids énorme. L'essieu des chars quelquefois s'accrochait dans les rues ; alors les dévôts profitaient de l'occasion pour toucher les Baalim avec leurs vêtements, qu'ils gardaient ensuite comme des choses saintes.

    La statue d'airain continuait à s'avancer vers la place de Khamon. Les Riches, portant des sceptres à pomme d'émeraude, partirent du fond de Mégara ; les Anciens, coiffés de diadèmes, s'étaient assemblés dans Kinisdo ; et les maîtres des finances, les gouverneurs des provinces, les marchands, les soldats, les matelots et la horde nombreuse employée aux funérailles, tous, avec les insignes de leur magistrature ou les instruments de leur métier, se dirigeaient vers les tabernacles qui, descendaient de l'Acropole, entre les collèges des pontifes.

    Par déférence pour Moloch, ils s'étaient ornés de leurs joyaux les plus splendides. Des diamants étincelaient sur les vêtements noirs ; mais les anneaux trop larges tombaient des mains amaigries, - et rien n'était lugubre comme cette foule silencieuse où les pendants d'oreilles battaient contre des faces pâles, où les tiares d'or serraient des fronts crispés par un désespoir atroce.

    Enfin le Baal arriva juste au milieu de la place. Ses pontifes, avec des treillages, disposèrent une enceinte pour écarter la multitude, et ils restèrent à ses pieds, autour de lui.

    Les prêtres de Khamon, en robes de laine fauve, s'alignèrent devant leur temple, sous les colonnes du portique ; ceux d'Eschmoûn, en manteaux de lin, avec des colliers à têtes de coucoupha et des tiares pointues, s'établirent sur les marches de l'Acropole ; les prêtres de Melkarth, en tuniques violettes, prirent pour eux le côté de l'occident ; les prêtres des Abaddirs, serrés dans des bandes d'étoffes phrygiennes, se placèrent à l'orient ; et l'on rangea sur le côté du midi, avec les nécromanciens tout couverts de tatouages, les hurleurs en manteaux rapiécés, les desservants des Pataeques et les Yidonim qui, pour connaître l'avenir, se mettaient dans la bouche un os de mort. Les prêtres de Cérès, habillés de robes bleues, s'étaient arrêtés, prudemment, dans la rue de Satheb, et psalmodiaient à voix basse un thesmophorion en dialecte mégarien.

    De temps en temps, il arrivait des files d'hommes complètement nus, les bras écartés et tous se tenant par les épaules. Ils tiraient, des profondeurs de leur poitrine, une intonation rauque et caverneuse ; leurs prunelles, tendues vers le colosse, brillaient dans la poussière, et ils se balançaient le corps à intervalles égaux, tous à la fois, comme ébranlés par un seul mouvement. Ils étaient si furieux que, pour établir l'ordre, les hiérodoules, à coups de bâton, les firent se coucher sur le ventre, la face posée contre les treillages d'airain.

    Ce fut alors que, du fond de la Place, un homme en robe blanche s'avança. Il perça lentement la foule et l'on reconnut un prêtre de Tanit, - le grand-prêtre Schahabarim. Des huées s'élevèrent, car la tyrannie du principe mâle prévalait ce jour-là dans toutes les consciences, et la Déesse était même tellement oubliée, que l'on n'avait pas remarqué l'absence de ses pontifes.

    Mais l'ébahissement redoubla quand on l'aperçut ouvrant dans les treillages une des portes destinées à ceux qui entreraient pour offrir les victimes. C'était, croyaient les prêtres de Moloch, un outrage qu'il venait faire à leur dieu ; avec de grands gestes, ils essayaient de le repousser. Nourris par les viandes des holocaustes, vêtus de pourpre comme des rois et portant des couronnes à triple étage, ils conspuaient ce pâle eunuque exténué de macérations, et des rires de colère secouaient sur leur poitrine leur barbe noire étalée en soleil.

    Schahabarim, sans répondre, continuait à marcher ; et, traversant pas à pas toute l'enceinte, il arriva sous les jambes du colosse, puis il le toucha des deux côtés en écartant les deux bras, ce qui était une formule solennelle d'adoration. Depuis trop longtemps la Rabbet le torturait ; et par désespoir, ou peut-être à défaut d'un dieu satisfaisant complètement sa pensée, il se déterminait enfin pour celui-là.

    La foule, épouvantée par cette apostasie, poussa un long murmure. On sentait se rompre le dernier lien qui attachait les âmes à une divinité clémente.

    Mais Schahabarim, à cause de sa mutilation, ne pouvait participer au culte du Baal. Les hommes en manteaux rouges l'exclurent de l'enceinte ; puis, quand il fut dehors, il tourna autour de tous les collèges, successivement, et le prêtre, désormais sans dieu, disparut dans la foule. Elle s'écartait à son approche.

    «Hommage à toi, Soleil ! roi des deux zones, crétateur qui s'engendre, Père et Mère, Père et Fils, Dieu et Déesse, Déesse et Dieu !»

    Et leur voix se perdit dans l'explosion des instruments sonnant tous à la fois, pour étoffer les cris des victimes. Les scheminith à huit cordes, les kinnor, qui en avaient dix, et les nebal, qui en avaient douze, grinçaient, sifflaient, tonnaient. Des outres énormes hérissées de tuyaux faisaient un clapotement aigu ; les tambourins, battus à tour de bras, retentissaient, de coups sourds et rapides ; et, malgré la fureur des clairons, les salsalim claquaient, comme des ailes de sauterelle.

    Les hiérodoules, avec un long crochet, ouvrirent les sept compartiments étagés sur le corps du Baal. Dans le plus haut, on introduisit de la farine ; dans le second, deux tourterelles ; dans le troisième, un singe ; dans le quatrième, un bélier ; dans le cinquième, une brebis ; et, comme on n'avait pas de boeuf pour le sixième, on y jeta une peau tannée prise au sanctuaire. La septième case restait béante.

    Avant de rien entreprendre, il était bon d'essayer les bras du Dieu. De minces chaînettes partant de ses doigts gagnaient ses épaules et redescendaient par derrière, où des hommes, tirant dessus, faisaient monter, jusqu'à la hauteur de ses coudes, ses deux mains ouvertes qui, en se rapprochant, arrivaient contre son ventre ; elles remuèrent plusieurs fois de suite, à petits coups saccadés. Puis les instruments se turent. Le feu ronflait.

    Les pontifes de Moloch se promenaient sur la grande dalle, en examinant la multitude.

    Il fallait un sacrifice individuel, une oblation toute volontaire et qui était considérée comme entraînant les autres. Mais personne, jusqu'à présent, ne se montrait, et les sept allées conduisant des barrières au colosse étaient complètement vides.

    Alors, pour encourager le peuple, les prêtres tirèrent de leurs ceintures des poinçons et ils se balafraient le visage. On fit entrer dans l'enceinte les Dévoués, étendus sur terre, en dehors. On leur jeta un paquet d'horribles ferrailles et chacun choisit sa torture. Ils se passaient des broches entre les seins ; ils se fendaient les joues ; ils se mirent des couronnes d'épines sur la tête ; puis ils s'enlacèrent par les bras, et, entourant les enfants, ils formaient un autre grand cercle qui se contractait et s'élargissait. Ils arrivaient contre la balustrade, se rejetaient en arrière et recommençaient toujours, attirant à eux la foule par le vertige de ce mouvement tout plein de sang et de cris.

    Peu à peu, des gens entrèrent jusqu'au fond des allées ; ils lançaient dans la flamme des perles, des vases d'or, des coupes, des flambeaux, toutes leurs richesses ; les offrandes, de plus en plus, devenaient splendides et multipliées. Enfin un homme qui chancelait, un homme pâle et hideux de terreur, poussa un enfant ; puis on aperçut entre les mains du colosse une petite masse noire ; elle s'enfonça dans l'ouverture ténébreuse. Les prêtres se penchèrent au bord de la grande dalle, - et un chant nouveau éclata, célébrant les joies de la mort et les renaissances de l'éternité.

    Ils montaient lentement, et, comme la fumée en s'envolant, faisait de hauts tourbillons, ils semblaient de loin diparaître dans un nuage. Pas un ne bougeait. Ils étaient liés aux poignets et aux chevilles, et la sombre draperie les empêchait de rien voir et d'être reconnus. Hamilcar, en manteau rouge comme les prêtres de Moloch, se tenait auprès du Baal, debout devant l'orteil de son pied droit. Quand on amena le quatorzième enfant, tout le monde put s'apercevoir qu'il eut un grand geste d'horreur. Mais bientôt, reprenant son attitude, il croisa ses bras et il regardait par terre. De l'autre côté de la statue, le Grand-Pontife restait immobile comme lui. Baissant sa tête chargée d'une mitre assyrienne, il observait sur sa poitrine la plaque d'or couverte de pierres fatidiques, et où la flamme se mirant faisait des lueurs irisées. Il pâlissait, éperdu. Hamilcar inclinait son front ; et ils étaient tous les deux si près du bûcher que le bas de leurs manteaux, se soulevant, de temps à autre l'effleurait.

    Les bras d'airain allaient plus vite. Ils ne s'arrêtaient plus. Chaque fois que l'on y posait un enfant, les prêtres de Moloch étendaient la main sur lui, pour le charger des crimes du peuple, en vociférant : «Ce ne sont pas des hommes, mais des boeufs !» et la multitude à l'entour répétait : «Des boeufs ! des boeufs !»

    Les dévots criaient : «Seigneur ! mange !» et les prêtres de Proserpine, se conformant par la terreur au besoin de Carthage, marmottaient la formule éleusiaque : «Verse la pluie ! enfante !»

    Les victimes à peine au bord de l'ouverture disparaissaient comme une goutte d'eau sur une plaque rougie, et une fumée blanche montait dans la grande couleur écarlate.

    Cependant l'appétit du Dieu ne s'apaisait pas. Il en voulait toujours. Afin de lui en fournir davantage, on les empila sur ses mains avec une grosse chaîne par-dessus, qui les retenait. Des dévots au commencement avaient voulu les compter, pour voir si leur nombre correspondait aux jours de l'année solaire ; mais on en mit d'autres, et il était impossible de les distinguer dans le mouvement vertigineux des horribles bras. Cela dura longtemps, indéfiniment, jusqu'au soir. Puis les parois intérieures prirent un éclat plus sombre. Alors on aperçut des chairs qui brûlaient. Quelques-uns même croyaient reconnaître des cheveux, des membres, des corps entiers.

    Le jour tomba ; des nuages s'amoncelèrent au-dessus du Baal. Le bûcher, sans flammes à présent, faisait une pyramide de charbons jusqu'à ses genoux ; complètement rouge comme un géant tout couvert de sang, il semblait, avec sa tête qui se renversait, chanceler sous le poids de son ivresse.

    A mesure que les prêtres se hâtaient, la frénésie du peuple augmentait ; le nombre des victimes diminuant, les uns criaient de les épargner, les autres qu'il en fallait encore.

    On aurait dit que les murs chargés de monde s'écroulaient sous les hurlements d'épouvanté et de volupté mystique. Puis des fidèles arrivèrent dans les allées, traînant leurs enfants qui s'accrochaient à eux ; et ils les battaient pour leur faire lâcher prise et les remettre aux hommes rouges.

    Les joueurs d'instruments quelquefois s'arrêtaient épuisés ; alors on entendait les cris des mères et le grésillement de la graisse qui tombait sur les charbons.

    Les buveurs de jusquiame, marchant à quatre pattes, tournaient autour du colosse et rugissaient comme des tigres ; les Yidonim vaticinaient, les Dévoués chantaient avec leurs lèvres fendues ; on avait rompu les grillages, tous voulaient leur part du sacrifice ; - et les pères dont les enfants étaient morts autrefois, jetaient dans le feu leurs effigies, leurs jouets, leurs ossements conservés. Quelques-uns qui avaient des couteaux se précipitèrent sur les autres. On s'entr'égorgea. Avec des vans de bronze, les hiérodoules prirent au bord de la dalle les cendres tombées ; et ils les lançaient dans l'air, afin que le sacrifice s'éparpillât sur la ville et jusqu'à la région des étoiles.

    Ce grand bruit et cette grande lumière avaient attiré les Barbares au pied des murs ; se cramponnant pour mieux voir sur les débris de l'hélépole, ils regardaient béants d'horreur.

    Chapitre 14 - Le défilé de la Hache

    Les Carthaginois n'étaient pas rentrés dans leurs maisons que les nuages s'amoncelèrent plus épais ; ceux qui levaient la tête vers le colosse sentirent sur leur front de grosses gouttes, et la pluie tomba. Elle tomba toute la nuit, abondamment, à flots ; le tonnerre grondait ; c'était la voix de Moloch ; il avait vaincu Tanit ; - et, maintenant fécondée, elle ouvrait du haut du ciel son vaste sein. Parfois on l'apercevait dans une éclaircie lumineuse étendue sur des coussins de nuages ; puis les ténèbres se refermaient comme si, trop lasse encore, elle se voulait rendormir ; les Carthaginois, - croyant tous que l'eau est enfantée par la lune, - criaient pour faciliter son travail.

    La pluie battait les terrasses et débordait par-dessus, formait des lacs dans les cours, des cascades sur les escaliers, des tourbillons au coin des rues. Elle se versait en lourdes masses tièdes et en rayons pressés ; des angles de tous les édifices, de gros jets écumeux sautaient ; contre les murs ii y avait comme des nappes blanchâtres vaguement suspendues, et les toits des temples, lavés, brillaient en noir à la lueur des éclairs. Par mille chemins des torrents descendaient de l'Acropole ; des maisons s'écroulaient tout à coup ; et des poutrelles, des plâtras, des meubles passaient dans les ruisseaux, qui couraient sur les dalles impétueusement.

    On avait exposé des amphores, des buires, des toiles ; mais les torches s'éteignaient ; on prit des brandons au bûcher du Baal, et les Carthaginois, pour boire, se tenaient le cou renversé, la bouche ouverte. D'autres, au bord des flaques bourbeuses, y plongeaient leurs bras jusqu'à l'aisselle, et se gorgeaient d'eau si abondamment qu'ils la vomissaient comme des buffles. La fraîcheur peu à peu se répandait ; ils aspiraient l'air humide en faisant jouer leurs membres, et dans le bonheur de cette ivresse, bientôt un immense espoir surgit. Toutes les misères furent oubliées. La patrie encore une fois renaissait...

    Salammbô de Gustave Flaubert, écrit en 1862.
    http://www.mediterranees.net/romans/salammbo/sommaire.html


    Gustave Flaubert

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Gustave_Flaubert



    Selon Diodore de Sicile, dans « Bibliothèque Historique » (Ier siècle avant J.C)

    Attribuant au pouvoir des dieux la défaite qu'ils venaient d'essuyer, les Carthaginois eurent recours aux prières publiques, et croyant qu'Hercule, dont ils se disaient être une colonie, était particulièrement irrité, ils envoyèrent à Tyr une immense quantité de riches offrandes.

    Descendants de cette ville, les Carthaginois étaient jadis dans l'usage d'envoyer à ce dieu le dixième de tous leurs revenus; mais par la suite, devenus riches et opulents, ils n'envoyèrent presque plus rien, croyant pouvoir se dispenser de la protection du dieu.

    Leur désastre récent les ramena au repentir, et tous se souvinrent du dieu de Tyr.

    Parmi les offrandes qu'ils envoyèrent se trouvaient des chapelles d'or tirées de leurs propres temples, pensant que par ce genre de consécration ils parviendraient plus facilement à apaiser le courroux de la divinité.

    Ils se reprochèrent aussi de s'être aliéné Saturne, parce qu'ils lui avaient autrefois offert en sacrifice les enfants des plus puissants citoyens, qu'ils avaient plus tard renoncé à cet usage en achetant des enfants secrètement et en les élevant pour être immolés à ce dieu.

    Des recherches établirent que plusieurs de ces enfants sacrifiés étaient des enfants supposés.

    En considérant toutes ces choses et en voyant, de plus, les ennemis campés sous les murs de leur ville, ils furent saisis d'une crainte superstitieuse, et ils se reprochèrent d'avoir négligé les coutumes de leurs pères à l'égard du culte des dieux.

    Ils décrétèrent donc une grande solennité dans laquelle devaient être sacrifiés deux cents enfants, choisis dans les familles les illustres; quelques citoyens, en butte à des accusations, offrirent volontairement leurs propres enfants, qui n'étaient pas moins de trois cents.

    Voici quelques détails concernant ce sacrifice. Il y avait une statue d'airain représentant Saturne, les mains étendues et inclinées vers la terre, de manière que l'enfant, qui y était placé, roulait et allait tomber dans un gouffre rempli de feu.

    C'est probablement à cette coutume qu'Euripide fait allusion lorsqu'il parle des cérémonies du sacrifice accompli en Tauride; le poète met dans la bouche d'Oreste, la question suivante :

    "Quel sera le tombeau qui me recevra lorsque je mourrai ?
    Un feu sacré allumé dans un vaste gouffre de la terre."

    Il paraît aussi que l'ancien mythe des Grecs, d'après lequel Saturne dévora ses propres enfants, trouve son explication dans cette coutume des Carthaginois.

    Diodore de Sicile (Livre XX, 14)
    http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/diodore_20/lecture/15.htm

    Diodore de Sicile, La Bibliothèque historique
    http://mercure.fltr.ucl.ac.be/Hodoi/concordances/diodore_20/lecture/default.htm

    http://gallica.bnf.fr/Search?ArianeWireIndex=index&p=1&lang=FR&q=diodore+de+Sicile

    Diodore de Sicile
    http://www.cosmovisions.com/Diodore.htm



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  •  Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges » 
    Drac (Enemy Mine).
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Enemy

    Selon le médium Edgar Cayce, une colonie Atlante aurait émigré en Egypte avant la troisième et dernière destruction de l'Atlantide vers 10500 (avant JC).

    Les survivants Atlantes la nommeront « le grand cataclysme ».

    Albert Slosman dans « La Grande Hypothèse », la date du 27 Juillet 9792 (avant JC) en se référant au zodiaque de Dendérah.
    http://www.tradition-science.com/Nouvelle%20histoire%20de%20la%20prehistoire.htm

    Le zodiaque de Dendérah
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Zodiaque_de_Dend%C3%A9rah

    Le Grand Cataclysme des Egyptiens
    http://secretebase.free.fr/civilisations/egyptiens/denderah/denderah.htm

    Ainsi l’antiquité a admis une race rouge et, pour elle, cette race habitait l’Atlantide. Cette race était civilisée, guerrière et savante, et les Anciens la reconnaissaient comme, ayant enfanté la science des astres et les lois gouvernant les hommes. La fameuse Table d’Émeraude, qui a servi de type à toutes les morales des peuples antiques, provenait d’Atlantide, disait-on, et avait été sauvée du déluge. D’autre part, cette race rouge avait des caractéristiques physiques qui tranchaient avec celles des autres peuples. La forme de son crâne était particulière. Aussi les monuments égyptiens, chaldéens et hindous, lorsqu’ils représentaient un homme de la race rouge, l’exprimaient suivant un type très particulier, qui ne pouvait se confondre avec les types des races alors existantes. Et voilà l’origine de cette coutume, chez les Égyptiens et autres peuples de l’antiquité, de déformer le crâne des enfants, afin que ceux-ci ressemblassent aux hommes rouges, à la race noble des antédiluviens, et de se peindre en rouge la peau. Ce souci d’avoir un crâne allongé se retrouve en Bretagne, en Italie, en Espagne, chez tous les peuples enfin qui ont connu des descendants de la grande race rouge, réputée pour sa science et son intelligence.

    Le livre de l'Atlantide de Michel Manzi
    http://fr.wikisource.org/w iki/Le_Livre_de_l%E2%80%99 Atlantide

    de la Science Fiction ?

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »

    L'Égypte une terre Atlante ?

    sur Akhénaton - Amenhotep IV

    ... Celui-ci mesurait environ quatre mètres quarante, sans compter sa coiffure. Lorsque je me mis debout à côté de sa statue grandeur nature, le sommet de mon crâne arrivait au milieu de ses hanches.
    Quand à Nefertiti, elle mesurait environ trois mètres cinquante. En fait, elle était plutôt petite par rapport à sa race.
    Selon Thot, leurs filles étaient également très grandes.
    Cette évidence a récemment été remise entre les mains des égyptologues, qui ne savent pas encore quoi en penser. On a en effet retrouvé deux cercueils à Tel al-Amarna, la ville construite par Akhenaton.
    À l'intérieur du couvercle du premier cercueil, à la hauteur de la tête de la momie, était gravée la Fleur de vie. Dans le deuxième cercueil se trouvait le squelette d'un garçon de sept ans - qui mesurait deux mètres quarante !
    Ce cercueil est actuellement au sous-sol du musée du Caire - selon toute probabilité.
    C'est la seule preuve que nous avons que ces corps ont bien existé.
    Selon ce que Thot m'a dit, cette statue d'Akhenaton est une reproduction exacte de ce à quoi il ressemblait, comme si vous examiniez une photo de lui.

    « L’ancien secret de la Fleur de vie (T1) » Drunvalo Melchizédek
    http://www.ubest1.com/ebook/kawakazy31_1310454661.pdf


    Des traces de la civilisation « Rouge », en Égypte ?


    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Momie de la Reine-Pharaon Hatchepsout.
    (Musée du Caire - Égypte)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Hatchepsout

     
    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Amenhotep IV.
    (Garman Ryan collection - GR275 Christee's)


    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Amenhotep IV.

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Amenhotep IV, Néfertiti et sa famille.

    (stèle d'Amarna - Ägyptisches Museum - Berlin - Allemagne)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Akh%C3%A9naton

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Deux filles d'Amenhotep IV.
    (Fresque murale d'Amarna - Ashmolean Museum, Oxford - Angleterre)

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Momie nommée KV35 YL - Buste de Néfertiti.
    (Thèbes ouest - Ägyptisches Museum - Berlin - Allemagne) 
    http://www.antikforever.com/Egypte/Reines/nefertiti.htm

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Buste de Méritaton.
    (Musée Caire - Égypte)

    http://www.antikforever.com/Egypte/Reines/filles_nefertiti.htm

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Toutankhamon.
    (Thèbes ouest - Égypte)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Tout%C3%A2nkhamon

    La vérité sur Toutankhamon
    http://www.leparisien.fr/loisirs-et-spectacles/la-verite-sur-toutankhamon-17-02-2010-819123.php

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Momie de Ramsès II.
    (Musée du Caire - Égypte)

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Rams%C3%A8s_II

    Une élite seulement ou un peuple ?

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »
    Femme broyant du grain.
    (Musée d'Archéologie d'Athènes - Grèce )

    http://farm4.static.flickr.com/3335/3209727689_8ac32a1f2b.jpg

    Les anciens Egyptiens étaient des hommes rouges. Ils ont reconnu quatre races d'hommes, les rouges, jaunes, noirs et blancs.
    Ils appartenaient aux « Rot » ou « hommes rouges », les hommes jaunes étaient appelés « Namu », comprenait les races asiatiques, les hommes noirs étaient appelés « Nahsu », et les hommes blancs «Tamhu».

    « L'Atlantide, le monde antédiluvien »
    (Ignatius Donnelly 1882)

    La construction de l’image du corps de l’élite égyptienne à l’époque amarnienne 
    http://bmsap.revues.org/3983#tocto1n12

    Akhénaton: une tentative de monothéisme ?
    http://jfbradu.free.fr/egypte/LE%20PHARAON/akhenaton001.php3?r1=1&r2=9&r3=0

    Amarna
    http://antikforever.com/Egypte/Villes/amarna.htm

    Le « deuxième Coeur de Dieu » et les « Rouges »

    Buste de la momie d'un homme adulte, sans les bandages.
    (Musée Égyptien de Turin - Italie, Nouvel Empire, 18/20ème dynasties -1550-1070 av. J.C.)


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  • Roy Lichenstein Crying Girl
    Prière que je fis sur l'Acropole quand je fus arrivé a en comprendre la parfaite beauté

    Ô noblesse ! Ô beauté simple et vraie ! Déesse dont le culte signifie raison et sagesse, toi dont le temple est une leçon éternelle de conscience et de sincérité, j'arrive tard au seuil de tes mystères ; j'apporte à ton autel beaucoup de remords. Pour te trouver, il m'a fallu des recherches infinies. L'initiation que tu conférais à l'Athénien naissant par un sourire, je l'ai conquise à force de réflexions, au prix de longs efforts.


    Je suis né, déesse aux yeux bleus, de parents barbares, chez les Cimmériens bons et vertueux qui habitent au bord d'une mer sombre, hérissée de rochers, toujours battue par les orages. On y connaît à peine le soleil ; les fleurs sont les mousses marines, les algues et les coquillages coloriés qu'on trouve au fond des baies solitaires. Les nuages y paraissent sans couleur, et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d'eau froide y sortent du rocher, et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d'herbes ondulées, se mire le ciel.

    Mes pères, aussi loin que nous pouvons remonter, étaient voués aux navigations lointaines, dans des mers que tes Argonautes ne connurent pas. J'entendis, quand j'étais jeune, les chansons des voyages polaires ; je fus bercé au souvenir des glaces flottantes, des mers brumeuses semblables à du lait, des îles peuplées d'oiseaux qui chantent à leurs heures et qui, prenant leur volée tous ensemble, obscurcissent le ciel.

    Des prêtres d'un culte étranger, venu des Syriens de Palestine, prirent soin de m'élever. Ces prêtres étaient sages et saints. Ils m'apprirent les longues histoires de Cronos, qui a créé le monde, et de son fils, qui a, dit-on, accompli un voyage sur la terre. Leurs temples sont trois fois hauts comme le tien, ô Eurythmie, et semblables à des forêts ; seulement ils ne sont pas solides ; ils tombent en ruine au bout de cinq ou six cents ans ; ce sont des fantaisies de barbares, qui s'imaginent qu'on peut faire quelque chose de bien en dehors des règles que tu as tracées à tes inspirées, ô Raison. Mais ces temples me plaisaient ; je n'avais pas étudié ton art divin ; j'y trouvais Dieu. On y chantait des cantiques dont je me souviens encore : «Salut, étoile de la mer,... reine de ceux qui gémissent en cette vallée de larmes», ou bien : «Rose mystique, Tour d'ivoire, Maison d'or, Etoile du matin...» Tiens, déesse, quand je me rappelle ces chants, mon coeur se fond, je deviens beauté blonde presque apostat. Pardonne-moi ce ridicule ; tu ne peux te figurer le charme que les magiciens barbares ont mis dans ces vers, et combien il m'en coûte de suivre la raison toute nue.

    Et puis si tu savais combien il est devenu difficile de te servir ! Toute noblesse a disparu. Les Scythes ont conquis le monde. Il n'y a plus de république d'hommes libres ; il n'y a plus que des rois issus d'un sang lourd, des majestés dont tu sourirais. De pesants Hyperboréens appellent légers ceux qui te servent... Une pambéotie redoutable, une ligue de toutes les sottises, étend sur le monde un couvercle de plomb, sous lequel on étouffe. Même ceux qui t'honorent, qu'ils doivent te faire pitié ! Te souviens-tu de ce Calédonien qui, il y a cinquante ans, brisa ton temple à coups de marteau pour l'emporter à Thulé ? Ainsi font-ils tous... J'ai écrit, selon quelques-unes des règles que tu aimes, ô Théonoé, la vie du jeune dieu que je servis dans mon enfance ; ils me traitent comme un Evhémère ; ils m'écrivent pour me demander quel but je me suis proposé ; ils n'estiment que ce qui sert à faire fructifier leurs tables de trapézites. Et pourquoi écrit-on la vie des dieux, ô ciel ! Si ce n'est pour faire aimer le divin qui fut en eux, et pour montrer que ce divin vit encore et vivra éternellement au coeur de l'humanité ?

    Te rappelles-tu ce jour, sous l'archontat de Dionysodore, où un laid petit Juif, parlant le grec des Syriens, vint ici, parcourut tes parvis sans te comprendre, lut tes inscriptions tout de travers et crut trouver dans ton enceinte un autel dédié à un dieu qui serait le Dieu inconnu. Eh bien, ce petit Juif l'a emporté ; pendant mille ans, on t'a traitée d'idole, ô Vérité ; pendant mille ans, le monde a été un désert où ne germait aucune fleur. Durant ce temps, tu te taisais, ô Salpinx, clairon de la pensée. Déesse de l'ordre, image de la stabilité céleste, on était coupable pour t'aimer, et, aujourd'hui qu'à force de consciencieux travail nous avons réussi à nous rapprocher de toi, on nous accuse d'avoir commis un crime contre l'esprit humain en rompant des chaînes dont se passait Platon.

    Toi seule es jeune, ô Cora ; toi seule es pure, ô Vierge ; toi seule es saine, ô Hygie ; toi seule es forte, ô Victoire. Les cités, tu les gardes, ô Promachos ; tu as ce qu'il faut de Mars, ô Aréa ; la paix est ton but, ô Pacifique. Législatrice, source des constitutions justes ; Démocratie, toi dont le dogme fondamental est que tout bien vient du peuple, et que, partout où il n'y a pas de peuple pour nourrir et inspirer le génie, il n'y a rien, apprends-nous à extraire le diamant des foules impures. Providence de Jupiter, ouvrière divine, mère de toute industrie, protectrice du travail, ô Ergané, toi qui fais la noblesse du travailleur civilisé et le mets si fort au-dessus du Scythe paresseux.

    Sagesse, toi que Zeus enfanta après s'être replié sur lui-même, après avoir respiré profondément ; toi qui habites dans ton père, entièrement unie à son essence ; toi qui es sa compagne et sa conscience ; Energie de Zeus, étincelle qui allumes et entretiens le feu chez les héros et les hommes de génie, fais de nous des spiritualistes accomplis. Le jour où les Athéniens et les Rhodiens luttèrent pour le sacrifice, tu choisis d'habiter chez les Athéniens, comme plus sages. Ton père cependant fit descendre Plutus dans un nuage d'or sur la cité des Rhodiens, parce qu'ils avaient aussi rendu hommage à sa fille. Les Rhodiens furent riches ; mais les Athéniens eurent de l'esprit, c'est-à-dire la vraie joie, l'éternelle gaieté, la divine enfance du coeur.

    Le monde ne sera sauvé qu'en revenant à toi, en répudiant ses attaches barbares. Courons, venons en troupe. Quel beau jour que celui où toutes les villes qui ont pris des débris de ton temple, Venise, Paris, Londres, Copenhague, répareront leurs larcins, formeront des théories sacrées pour rapporter les débris qu'elles possèdent, en disant : «Pardonne-nous, déesse ! c'était pour les sauver des mauvais génies de la nuit», et rebâtiront tes murs au son de la flûte, pour expier le crime de l'infâme Lysandre ! Puis ils iront à Sparte maudire le sol où fut cette maîtresse d'erreurs sombres, et l'insulter parce qu'elle n'est plus.

    Ferme en toi, je résisterai à mes fatales conseillères ; à mon scepticisme, qui me fait douter du peuple ; à mon inquiétude d'esprit, qui, quand le vrai est trouvé, me le fait chercher encore ; à ma fantaisie, qui, après que la raison a prononcé, m'empêche de me tenir en repos. O Archégète, idéal que l'homme de génie incarne en ses chefs-d'oeuvre, j'aime mieux être le dernier dans ta maison que le premier ailleurs. Oui, je m'attacherai au stylobate de ton temple ; j'oublierai toute discipline hormis la tienne, je me ferai stylite sur tes colonnes, ma cellule sera sur ton architrave. Chose plus difficile ! pour toi, je me ferai, si je peux, intolérant, partial. Je n'aimerai que toi. Je vais apprendre ta langue, désapprendre le reste. Je serai injuste pour ce qui ne te touche pas ; je me ferai le serviteur du dernier de tes fils.

    Les habitants actuels de la terre que tu donnas à Erechthée, je les exalterai, je les flatterai. J'essayerai d'aimer jusqu'à leurs défauts ; je me persuaderai, ô Hippia, qu'ils descendent des cavaliers qui célèbrent là-haut, sur le marbre de ta frise, leur fête éternelle. J'arracherai de mon coeur toute fibre qui n'est pas raison et art pur. Je cesserai d'aimer mes maladies, de me complaire en ma fièvre. Soutiens mon ferme propos, ô Salutaire ; aide-moi, toi qui sauves !
    Que de difficultés, en effet, je prévois ! Que d'habitudes d'esprit j'aurai à changer ! Que de souvenirs charmants je devrai arracher de mon coeur ! J'essayerai ; mais je ne suis pas sûr de moi. Tard je t'ai connue, beauté parfaite. J'aurai des retours, des faiblesses. Une philosophie, perverse sans doute, m'a porté à croire que le bien et le mal, le plaisir et la douleur, le beau et le laid, la raison et la folie se transforment les uns dans les autres par des nuances aussi indiscernables que celles du cou de la colombe. Ne rien aimer, ne rien haïr absolument, devient alors une sagesse. Si une société, si une philosophie, si une religion eût possédé la vérité absolue, cette société, cette philosophie, cette religion, aurait vaincu les autres et vivrait seule à l'heure qu'il est. Tous ceux qui, jusqu'ici, ont cru avoir raison se sont trompés, nous le voyons clairement. Pouvons-nous sans folle outrecuidance croire que l'avenir ne nous jugera pas comme nous jugeons le passé ? Voilà les blasphèmes que me suggère mon esprit profondément gâté. Une littérature qui, comme la tienne, serait saine de tout point n'exciterait plus maintenant que l'ennui.

    Tu souris de ma naïveté. Oui, l'ennui... Nous sommes corrompus : qu'y faire ? J'irai plus loin, déesse orthodoxe, je te dirai la dépravation intime de mon coeur. Raison et bon sens ne suffisent pas. Il y a de la poésie dans le Strymon glacé et dans l'ivresse du Thrace. Il viendra des siècles où tes disciples passeront pour les disciples de l'ennui.

    Le monde est plus grand que tu ne crois. Si tu avais vu les neiges du pôle et les mystères du ciel austral, ton front, ô déesse toujours calme, ne serait pas si serein ; ta tête, plus large, embrasserait divers genres de beauté.

    Tu es vraie, pure, parfaite ; ton marbre n'a point de tache ; mais le temple d'Hagia-Sophia, qui est à Byzance, produit aussi un effet divin avec ses briques et son plâtras. Il est l'image de la voûte du ciel. Il croulera ; mais, si ta cella devait être assez large pour contenir une foule, elle croulerait aussi.

    Un immense fleuve d'oubli nous entraîne dans un gouffre sans nom. O Abîme, tu es le Dieu unique. Les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes ; les rêves de tous les sages renferment une part de vérité. Tout n'est ici-bas que symbole et que songe. Les dieux passent comme les hommes, et il ne serait pas bon qu'ils fussent éternels. La foi qu'on a eue ne doit jamais être une chaîne. On est quitte envers elle quand on l'a soigneusement roulée dans le linceul de pourpre où dorment les dieux morts.

    La « Prière sur l'Acropole » d'Ernest Renan constitue le chapitre II de « Souvenirs d'enfance et de jeunesse » (1883). Il évoque la découverte de la Grèce lors de son voyage en 1865.

    Prière sur l'Acropole / par Ernest Renan, compositions de H. Bellery
    http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1033189


    Ernest Renan

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ernest_Renan

     Drowning Girl

    Roy Lichtenstein

    http://www.macultureconfiture.com/2010/03/20/roy-lichtenstein/

    Sa vie ...
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Roy_Lichtenstein


    ici, rien n'est jamais terminé !!! ...

      


  • Cooperative.

    Après la conquête des Gaules, les terres furent divisées en deux manières, en Bénéfices et en Alleux, « beneficia et allodia ».

    Les Bénéfices étaient les terres que le roi donnait à ses officiers et à ses soldats, soit pour toute leur vie, soit pour temps fixe.

    Les Alleux étaient les terres dont la propriété restait à leurs anciens possesseurs : le soixante-deuxième titre de la loi salique était de allodis, et là ce mot était employé pour fonds héréditaires, ou celui qui venait à quelqu'un, de ses pères. C'est pourquoi Alleu et patrimoine étaient souvent pris par les anciens jurisconsultes pour deux termes synonymes.

    Dictionnaire encyclopédique de la noblesse de France Nicolas Viton de Saint-Allais
    (1773-1842) Paris 1816

    Pour une terre Franche

    Les alleux sont définis comme un domaine en pleine propriété, libre de toute redevance, le plus souvent hérité.

    Franc-alleu, Alleu, Alloux, francique alôd , du latin « allodium », signifie héritage libre de tous devoirs féodaux par opposition aux acquêts, aux biens acquis ou reçus en fiefs, ou encore aux censives (tenures) impliquant une redevance seigneuriale.

    Alleu vient du vieux haut-allemand « al », tout et entier et « ôd », bien et fortune.

    Il s'agit donc d'une terre ne dépendant d'aucune seigneurie foncière. 

    Il est mentionné pour la première fois dans la loi salique vers 508, puis dans la
    loi ripuaire au début du VIIe s., c'est-à-dire , dans deux textes des Francs, puis à plusieurs reprises dans la loi des Bavarois (743-748).

    Chez les Francs, le terme désignait spécialement la fortune héréditaire.

    Tenir en franc-alleu, c'est tenir terre de Dieu seulement.

    Sous les Carolingiens, l'alleutier doit la dîme à l'Église et l'aide militaire au souverain si celui-ci est attaqué, car seul le roi se déclare seigneur de tous les alleux.

    L'alleu noble, comprenait des droits de basse justice et des droits seigneuriaux sur les paysans qui le travaillaient.

    L'alleu simple: propriété privée indépendante (sans pouvoir politique).

    L'alleu justicier: droit de justice sur les populations (ne dépend pas de la féodalité mais du roi).

    L'alleu militaire ou souverain: principauté indépendante (titulaire indépendant de la féodalité et du roi).L'alleu paysan, lui, n'était grevé d'aucune redevance seigneuriale, mais aucun droit de justice n'y était lié.


    L'alleu paysan, lui, n'était grevé d'aucune redevance seigneuriale, mais aucun droit de justice n'y était lié.

    Pendant tout le Moyen Age, les seigneurs fonciers et les souverains, laïques ou ecclésiastiques, firent pression sur les alleux paysans.

    Les alleux deviennent des placements fonciers pour l'Église et les riches bourgeois.

    Sous la pression guerrière des féodaux, les alleux ont eu tendance à être transformés en fiefs : après avoir poussé un propriétaire à déguerpir de son alleu (c'est-à-dire à l'abandonner), le seigneur qui le saisit le lui rend en « fief de reprise », l'ancien propriétaire lui doit alors des services mais jouit de sa protection.

    L'alleu a été surtout répandu dans le Midi, Provence et Languedoc.

    Son importance décroît dans les pays d'oil sauf dans la région de la Meuse et du Nord (Artois, Hainaut, Flandre).

    Alleu
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Alleu
    http://hls-dhs-dss.ch/textes/f/F8978.php

    Monde paysan
    Le monde des paysans

    http://ivn.chez.com/paysan/paysan.htm

    contre une Terre Fiscale

    L'âge d'or de la seigneurie se situe au Moyen Âge central (XIe au XIIIe siècle).

    Le seigneur  du latin « dominus », est le détenteur et responsable d'une seigneurie. Le féminin est dame (qui vient de « domina », le féminin de « dominus »).

    Être seigneur ne signifie pas être noble : un prêtre, un noble, un marchand, un paysan, une femme, une personne ou même une institution peuvent être seigneur, il suffit qu'elle ait les ressources d'acquérir une seigneurie.

    Une seigneurie est une institution médiévale et moderne occidentale assurant l'encadrement économique et judiciaire des populations par un individu ou une personne morale n’exerçant pas nécessairement la souveraineté.

    La seigneurie est une réalité distincte du fief, qui est l'un des modes d'exercice de la seigneurie, avec l’alleu.

    La seigneurie est un ensemble de terres, c’est-à-dire de propriétés foncières, de droits et de redevances.

    Elle est dans une certaine mesure, l'héritière de la villa de l’Antiquité tardive en même temps que la résultante de l'éparpillement du pouvoir public avant l'an Mil.

    La seigneur détient le droit de ban, c'est-à-dire celui de commander, de contraindre et de punir.

    La superposition et l'enchevêtrement des divers types de seigneuries rend la situation confuse : un même individu peut dépendre de plusieurs seigneurs.

    La seigneurie est le cadre privilégié par lequel l’aristocratie médiévale assure sa prééminence sociale, économique et politique.

    La limitation des prérogatives seigneuriales est l'un des biais par lequel le pouvoir des États s'affirme à la fin de l'époque médiévale et durant l'époque moder
    ne.

    Les seigneurs étaient tous soumis à une maxime féodale : « Nulle terre sans seigneur, nul seigneur sans titre ».
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Seigneurie

    Tout seigneur devait être capable de prouver sa propriété sur la terre.
    Mais dans les faits, les pouvoirs publics donnaient raison aux prétentions seigneuriales.
    Cet adage illustre bien l'opposition qui règnait entre la France du Nord, où régnait la première partie de l'adage et la France du Sud où régnait la seconde.


    courronne d'or
    Couronne d'or
    http://www.sacra-moneta.com/Nom-des-monnaies-medievales-royales-et-feodales/Couronne.html


    La féodalité (du latin médiéval feodum, « fief », qui vient probablement lui même du francique  « fehu », « bétail », et/ou du gotique  « faihu », « argent, possession ») est un système politique dont l'autorité centrale partage dans les faits le pouvoir souverain avec des principautés, des fiefs ou des fédérations, gouvernés par des seigneurs.

    Cette organisation de la société se développa en Europe entre le Ve siècle et le VIIIe siècle, après le démembrement de l'Empire romain d'Occident, fondé sur le droit romain et le système dit de « l'hospitalité ».

    On peut définir ce terme de féodalité comme un ensemble d'institutions créant et régissant des obligations et des services - principalement militaires - de la part d'un homme libre, dit « vassal », ayant le plus souvent pour effet la concession par le seigneur au vassal d'un bien, dit « fief ».

    Ce type de relations, au départ limité à l'aristocratie guerrière, où le roi, « suzerain des suzerains », attribue des fiefs à ses fidèles pour protéger plus efficacement son domaine, s'est étendu à l'ensemble de la société, les « serfs », personnes attachées à la terre du seigneur, ayant un rapport de vassal à suzerain avec leur seigneur.

    La féodalité désigne alors une société caractérisée par la hiérarchie des terres et des personnes, le morcellement des terres et de l'autorité, la domination de la classe combattante.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9odalit%C3%A9

    Peu à peu, la souveraineté monarchique, avec la renaissance du droit romain au XIII siècle, prend la place de la suzeraineté féodale. Mais c'est en s'appuyant sur la féodalité et la religion que les rois capétiens ont assuré leur autorité suprême.

    La-cérémonie-du-sacre
    Le sacre du roi de France (Enluminure du XIII° siècle, vers 1280)

    Les redevances seigneuriales
    http://medieval.mrugala.net/Seigneurs%20et%20nobles/Redevance%20seigneuriale.htm

    Les droits féodaux
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Droits_f%C3%A9odaux

    Une centralisation croissante  assise sur l'impôt et l'armée
    http://histoireenprimaire.free.fr/textes/periodes/pouvoircapetien2.html

    fourche
    Il existe deux types de paysans : les vilain et les serfs.


    Les paysans ont plusieurs noms : «colon, hôte, lite, collibert, etc.», suivant leur
    statut par rapport aux seigneurs.

    Comme les noms changent selon les régions et les
    époques, il est très difficile de les définir.

    Tout dépend de la coutume du lieu, il n’y a pas de règle.

    Tout
    homme libre qui travaille la terre est un vilain.

    L
    e mot « vilain » vient de « villanus », c’est-àdire celui qui habite une villa ou un domaine.

    Le vilain est parfois appelé aussi roturier, car «
    ruptura » signifie en latin « terre brisée », ou manant, de « manere » qui veut dire « demeurer ».

    Les vilains, avaient, en droit, à peu près la même situation que nos fermiers actuels ; mais ils avaient en plus beaucoup de redevances à payer pour les terres qu’ils cultivaient.

    Les serfs, du latin servus, « esclave »
    faisaient partie du domaine et n’étaient pas libres de leur personne.

    Le suzerain
    pouvait exiger d’eux les sommes qu’il lui plaisait, et leur faire exécuter toutes sortes de travaux ou corvées.

    Lorsque le terrain
    était vendu, ils passaient d'un maître à l'autre, de la même manière que les animaux de la ferme.

    Les fils de
    serfs devenaient serfs comme leurs ancêtres, et comme leur descendance.

    L'évolution du servage

    En échange de la terre et de la protection militaire, le serf avait des devoirs envers son
    seigneur.

    Il devait remettre une partie de la récolte à son suzerain et de payer des taxes.

    Il
    devait également participer gratuitement à des travaux appelés corvées.

    Ces tâches
    pouvaient être labours, récoltes ou sarclages sur les terres du seigneur. Mais ils étaient également appelés à la réparation d'un pont, creusement d'un puits ou réparation des murs du château.

    Le paysan obtenait des revenus en vendant
    au marché les produits qu'il ne consommait pas.

    Cela modifia la condition du serf qui
    pouvait ainsi s'affranchir des corvées et réquisitions militaires en échange d'une somme d'argent au seigneur.

    On passe ainsi du servage au fermage, le propriétaire loue la terre
    au paysan qui l'exploite à son compte.

    La production agricole augmente
    considérablement car le paysan travaille pour lui et se doit d'obtenir de quoi payer le loyer et de quoi nourrir sa famille.
    http://ressources.doc.free.fr/spip/IMG/pdf/vilains-serfs.pdf

    Il faut attendre le 4 août 1789 et la Révolution Française, pour voir la fin du système féodal et l'abolition des privilèges.

    Le Tiers-État se libère des fers de la Noblesse et de l'Aristocratie ainsi que de l'emprise de l'Église.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_du_4_ao%C3%BBt

    Des glaneuses Millet
    "Des Glaneuses" de Millet (1857)
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Fran%C3%A7ois_Millet

    Le paysan riche devient propriétaire, en rachetant de la terre à la Noblesse, à l'Aristocratie et à l'Église  et embauche le serf pauvre, qui devient, ouvrier agricole.

    En diminution constante depuis 1850 du fait de la mécanisation et de l’émiettement des exploitations, les ouvriers agricoles restent nombreux jusqu’en 1946.

    ouvriers

    Dans les plus grandes exploitations ils forment des équipes permanentes, renforcées lors des grands travaux par des saisonniers (souvent une main d'oeuvre immigrée).


    Ici, vers 1900, cette photographie saisit sans doute la fin de grands travaux, le patron à gauche en tenue bourgeoise, il tient deux bouteilles, les ouvriers à droite sont en tenue de travail, les godillots et les sabots sont encore couverts de terre.
    http://lewebpedagogique.com/ericdarrasse/2010/10/13/le-monde-du-travail-agricole-dans-la-peinture/



    La Révolution Industrielle initiée hier au nom du Capitalisme,  signe aujourd'hui la fin du Monde des paysans au profit d'une industrie agricole Mondialisée.
    Une nouvelle féodalité basée sur le pouvoir financier:
     « Nulle terre sans Saigneur »


    ici, rien n'est jamais totalement défriché !!! ...